Le pouls du monde
Écouter battre le pouls du monde
Déceler par-delà les clichés quotidiens
– C’est-à-dire les postures adoptées par mimétisme
Et les paroles prononcées mécaniquement –
Ces blessures d’où s’écoule parfois un peu d’humanité.
A travers les gestes involontaires
Les attitudes instinctives et furtives
Sous le vernis ornemental des civilisations
Ou le masque cérémonial des cultures
Se révèle l’être terré sous des tonnes de paraitre.
Toute la métaphysique du monde
Contenue dans le battement d’une aile disparue, démembrée
Dans un clignement de paupières s’inclinant à l’usure du temps
Des cils courbés vers le haut tandis que le regard se perd au sol
Les mains jointes les doigts noués : autant de plaintes cachées.
Tant de fractures indélébiles et discrètes
D’une existence abîmée dans une présence muette
Dissimulé sous des cheveux ou bien derrière des mains
Sous des vêtements claniques ou d’autres simulacres
Les orphelins égarés poursuivent l'âpre chemin.
Les colères contenues les douleurs sourdes les peines étouffées
Sont les traces sensibles d’un être-là avéré
Les tragiques garantes d’un cœur qui réagit
Quand le rire se simule et le bonheur se joue
Même une larme retenue laisse une trace sur ta joue.
Le fou qui rit n’est qu’un fou qui rit : le rire est sa folie
Mais dès que le fou pleure il devient ton semblable
Les sanglots sont à l’âme ce que le sang est au corps
La condition humaine est un voyage sans retour
La route est esquintée et la destination voilée.