La Forêt
Les esclaves d’hier
Sont les maîtres d’aujourd’hui
Habillés uniformément
Ils ne me liront pas
Ils n’en ont pas le temps
L’empreinte qu’ils laisseront
Sur ce siècle fiévreux
Ne se contemple pas
Telles les peintures rupestres
De la vallée de Côa.
L’empreinte qu’ils laisseront
Sera une séquelle
Même pas les ruines belles
En pierre d’une abbaye
Mais un béton armé
Sur lequel rien ne pousse
Quelque chose de souillé
Asphyxiant délétère
Une menace invisible
Comme un air vicié.
La forêt sombre et dense
Est belle abandonnée
Elle absorbe en rampant
L’ordure des sociétés
Sous les racines noueuses
Et les tapies feuillées
Les os des fossoyeurs
Feront un bon engrais
La sève répondra
Du sang des condamnés.