Andrea Maldeste

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  • L'Homme lézardé

L'instance d'une présence

dans la monotonie des jours

Stabat

 

Peut-être en avait-elle assez

De cette invariabilité des jours

A attendre ce je-ne-sais-quoi

Ce quelquefois dans des toujours

 

A espérer dans ce sempiternel

Et insignifiant compte à rebours

Une vie qui passe sans réponses

Et qui demeure toujours

Au seuil des interrogations

 

Des questions timidement posées

Ou à peine esquissées

Puis enfouies sous le flot

Incessant des années

 

A quoi pouvait-elle bien penser

Quant au petit matin elle fixait l'horizon en buvant son café

Pendant que le "tic tac" de la pendule égrenait les secondes ?

 

Elle profitait alors de la tranquillité de la maison désertée

Et de cette lumière qui redonnait aux objets leur apaisante sérénité

 

A quoi pouvait-elle bien penser durant cette seule et courte pause

Qu'elle s'autorisait avant une journée qui s'annonçait chargée ?

 

Elle se tenait debout

Immobile

Sur le damier noir et blanc

Du carrelage de la cuisine

Elle profitait instinctivement

Du calme matutinale

Avant la tempête

Journalière et banale

Quotidienne et triviale

 

A quoi pouvait-elle bien penser

Pendant que le "tic tac" de la pendule Betty Boop

Répondait en écho au "ploc ploc" de la goutte d'eau ?

 

A ces études qu'elle avait dû abandonner trop tôt

A ces cours de danse qu'elle aurait bien aimé continuer

A ce premier amour qui lui avait promis la traversée des mers

A ce père auquel elle n'avait jamais vraiment réussi à parler

A ce travail qu'elle avait dû refuser pour s'occuper de sa mère

 

Peut-être alors son esprit vagabondait

Seulement dans un reposant néant

Simplement dans un être-là évident

 

Le soleil illuminait l'eau du vase

Qui encerclait le bouquet de fleurs coupées

De belles tulipes rouges foncés

Qui imperceptiblement dépérissaient

Sur la table du séjour

 

Quand la grande aiguille atteignait

Les trois quarts de la pendule Betty Boop

Il lui fallait alors enfiler sa blouse

 

Dès lors sa journée passait

Dans la poussière et le bruit

Dans la froideur de l'atelier

A attendre la sortie

 

La sueur

Et la peine

Les déceptions

Et la fatigue

Finissaient par flétrir

Lentement mais surement

Les vestiges de cette beauté éreintée.

 

Mater

 

Elle passait sa journée

Dans des attentes frustrées

Dans un temps inachevé

Toujours recommencé

 

L'attente de pouvoir

Retrouver son foyer

Mais au sein duquel

Il lui fallait continuer

Toujours recommencer

 

Un foyer qui ne pouvait

Etre totalement pour elle

Un havre de paix

Mais juste la continuité

De cette journée chargée

 

Après un passage rapide au supermarché

Qu'allait-elle leur faire à manger

Que fallait-il racheter

Faire attention au budget

Mais quand même se procurer

Quelques produits de beauté

Elle troquait seulement sa blouse pour le tablier

 

Au supermarché elle fredonnait souvent

Les chansons qu'elle aimait tant

Des chansons qu'elle fredonnait également

Dans sa voiture tout en roulant

 

Le travail continuait

Toujours recommencé

 

Non plus cette fois

Dans le décor froid

Des tôles ondulées

Du vaste atelier

Mais dans la sécurité feutrée

Confortablement entourée

De ses objets familiers

 

Sur le guéridon de l'entrée

Des souvenirs négligés

Reposaient là… délaissés

Sa photo de mariage

Celle de son époux

Celle de son enfant

Et une autre d'eux trois

En vacances à la mer

 

Ranger les provisions

Faire le ménage

Faire la vaisselle

Faire une lessive

Faire

Défaire

Faire

Refaire

S'affairer

Pour seulement satisfaire

Son rôle d'épouse et de mère

 

En même temps elle regardait défiler

Les images du journal télévisé

On meurt un peu partout

C'est effrayant et rassurant

C'est tellement proche et loin de nous

 

Et puis encore attendre

Que son enfant rentre de l'école

Lui préparer son gouter

Et puis encore attendre

Que son mari rentre du travail

Leur préparer à souper

 

Regarder la télé

Puis aller se coucher

Toujours recommencer.

 

Dolorosa

 

Rien ne distinguait cette matinée d'une autre

Si ce n'est peut-être que le bouleau au tronc blanc

Seul au milieu du champ

Semblait plus isolé qu'avant

 

Peut-être ne fallait-il pas chercher dans cette journée

De signification cachée

Peut-être que cette journée

Aurait tout aussi bien pu en être une autre

Mais ce fut celle-là

Cette journée là

Et pas une autre

 

Il fit son entrée dans sa vie

Sans pourquoi

Ni comment

Sans prévenir

Fortuitement

Comme la chute d’un objet

Devant elle

À ses pieds

Comme un coup de chance aux dés

Inattendu

Inespéré

 

Telle une étoile filante

Dans des longues nuits

D’hiver et d'ennui

Il passa dans son attente

Il fit une irruption limpide

Dans son présent insipide

 

Alors son âme se mit à frémir

Au début doucement

Puis plus fortement

Et enfin violement

Comme un vent messager

Avant l’orage d’été :

Il remue d'abord lentement les ramées

L'odeur d'ondée précède

Les grondements

Des éclairs

Avant d'éclater en orage

Qui vient tout balayer

 

Il emporta au passage un peu de sa docile raison

Mais apporta avec lui un peu d’ivresse et de déraison

Mais surtout du mouvement dans cette existence figée

De la pluie et du vent sur cette terre asséchée

 

Elle se découvrit alors une force

Inattendue et passionnelle

Une capacité à aimer

Qui brisa l’écorce

Qui recouvrait sa beauté

Et son désir d'être belle

 

Elle se découvrit une volonté

Insoupçonnée et pulsionnelle

Qui ôta le corselet

Qui captivait sa féminité

Et sa sensualité

Et son besoin d’être elle

 

Elle se découvrit

Autant d'amour enfoui

Qu'il y avait eu de lassitude accumulée

D’épuisement entassé

D'ennuis agglutinés

De promesses évanouies

Sous la monotonie de sa vie

 

Peut-être n’a-t-il pas eu besoin de lui parler

Se contentant seulement de la regarder

Mais de la regarder enfin comme une femme

Désirable du corps à l'âme

 

Peut-être aussi en a-t-elle eu assez de ce mari

Qui passait plus de temps à astiquer sa voiture

Qu’à la caresser elle

Qui passer plus de temps à regarder le sport à la télé

Qu’à la regarder elle

Peut-être en a-t-elle eu assez de cette vie

De prévisibilités routinières

Et d’habitudes ordinaires

 

Peut-être ce jour là avait-elle mis cette petite robe à fleurs

Qui lui allait si bien

Qu’elle avait acheté au marché

Mais qu'elle n'avait jamais porté

 

Peut-être est-il resté là à attendre toute la journée

Peut-être est-il même resté là à attendre toute la semaine

Mais peut-être n'ont-ils même pas eu à se décider

Face à l'évidence de cet amour souverain et partagé

Au contact de sa peau dans la douceur de ces je t’aime

 

Quand elle prit sa décision

Elle n'entendit pas le bruit du tambour de la machine à laver

Qui essorait le linge au rythme de 1200 tours minute

Elle ne sentit que ce mélange de peur et d'excitation

Son cœur qui battait au rythme de 140 pulsations minute

 

Un grain de sable

Ne voulait pas du désert

Il aurait préféré

Les profondeurs de la mer

Un jour peut-être

Un courant d'air le mènera

Assez loin de cet inconsolable

Et insatiable besoin d’autre part.

© 2021 Andrea Maldeste

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