Andrea Maldeste

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  • L'Homme lézardé

L'Homme lézardé

 

 

Il ne sait pas vivre

Il doit lui manquer certains compromis

Quelques saines concordances

Une humaine harmonie

 

Certaines dispositions

Une ivre décontraction

Peut-être une attraction.

 

Lors d’une soirée

Tout lui semble dérisoire

Absurde et déplacé

Tout lui semble illusoire.

 

Il est ennuyé

Par les conversations

Qu’il estime décalées

Aberrantes hors-sujet

Ou sans importance

Ou empruntes d’ignorance.

 

Il ne sait plus vivre

Il lui faudrait un relâchement

Peut-être un détachement

Une sage relaxation

Un repos de l’esprit.

 

Quelques récréations

Une absence de dépit

Il faudrait qu’il s’oublie

Qu’il s’accorde un répit

Il faudrait qu’il oublie.

 

Au moins juste un instant

Au moins juste le temps

De refaire surface

Sortir la tête de l’eau

Et reprendre un peu d’air

Qu’un sourire ce dessine

Enfin sur son visage

Sur ce masque austère.

 

Il ne sait pas taire en lui

L’iniquité du monde

La violence des images

L’absurdité d’un monde.

 

Il ne sait pas taire en lui

La bêtise des médias

L’incurie des politiques

L’indécence médiatique.

 

Il semble se nourrir

De sang et de poussière

Toutes les larmes et les cris

Qui pénètrent la terre

Semble le recouvrir.

 

On dirait qu’il porte en lui

Toute la détresse humaine

Qu’un joug accablant repose sur ses épaules

Son âme est lézardée

Son corps prend l’affliction comme un navire prend l’eau.

 

Un excédent de gravité l’empêche d’être en société

Un excès d’intellectualité l’empêche d’exister

L’empêche d’en profiter.

 

Une carence en indifférence

Un manque de détachement

Une insuffisance d’insouciance.

 

Sur son visage

Colère et tristesse

Ont laissé leurs empreintes

 

Que l’ironie

Le rire et la vie

Ne parviennent à masquer.

 

Et la désinvolture

De ses premières années

Semble l’avoir quitté

Semble le visiter

De moins en plus rarement.

 

Et même avec l’alcool et les médicaments

Il garde ce sérieux

Grave et ennuyeux

Cette gravité pesante

Cette froideur écrasante.

 

Il pourrait s’inventer un rôle

Se constituer un personnage

Qui l’aiderait à donner la réplique

A donner le change

A jouer la comédie

La farce de la vie

A faire un peu comme si.

 

Mais il n’aime pas être sur scène

Il n’en a jamais accepté les règles

Ni même les conventions

Il n’aime ni la pièce

Qu’on voudrait lui faire jouer

Ni même la mise en scène.

 

Et le décor lui semble d’un goût bien trop douteux

Et les costumes sont strictes et bien trop uniformes

Et les lumières des spots lui brûlent un peu les yeux

Et la durée des actes trop long ou pas assez

Et les répliques ne sont pas celles qu’il voudrait.

 

Lui ce qu’il aime par dessus tout

C’est l’absence de jeu

Ce qu’il aime surtout

C’est la sincérité

Le réel du pas joué.

 

Il est l’homme lézardé

Il est l’homme accablé

Il est un christ sans foi

Ou un saint dépité

Il est l’homme aux aguets qui ne peut plus dormir

Il est l’homme aux arrêts d’une prison sans murs.

  

Il est l’homme lézardé

Son rire s’en est allé

Sa gaité l’a quittée

Il est un arbre mort

Une rivière asséchée

Un lieu abandonné.

 

Triste réalité

Drame de société

Pour quelqu’un qui est né

À l’âge du médiatique

Au moment ou la vie semble être simulée

À l’âge ou la rue n’est qu’un supermarché

Et souvent le foyer : juste un écran hurlant et toujours allumé.

© 2021 Andrea Maldeste

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